Mission « filets fantômes » à bord du voilier Blue Panda du WWF France

12 octobre 2022

              Le 12 octobre 2022, l'équipe du Parc a embarqué à bord du voilier Blue Panda de WWF France qui expérimentait une nouvelle technologie permettant de géolocaliser des filets de pêches perdus en mer (Side Scan Sonar).
Ces filets dit « filets fantômes » sont présents à de grandes profondeurs et peuvent continuer à pêcher. L'exploration était localisée au large de Centuri entre 50 et 70 m de profondeur.

              L'objectif de cette mission était d'expérimenter cette technologie au sein des eaux du Parc, où elles sont plus profondes et le relief plus accidenté qu'en mer du Nord et en mer Baltique où elle a été utilisée avec succès.
Lors de cette première prospection, divers transects ont permis de localiser la présence de plusieurs filets fantômes.

Pêche fantôme

© Sandrine Ruitton / MIO

© Sandrine Ruitton / MIO

Destruction Posidonie par filet fantôme

© Sandrine Ruitton / MIO

© Sandrine Ruitton / MIO

Filet fantôme sur Coralligène

© Sandrine Ruitton / MIO

© Sandrine Ruitton / MIO

Des « filets fantômes » au sein du Parc

              Les « filets fantômes » sont des filets de pêche perdus de façon accidentelle en mer, du fait de causes multiples dont l’accrochage sur le fond, les mauvaises conditions météorologiques, la méconnaissance du terrain, les dérives des engins avec le courant.

              Ces filets continuent alors de pêcher durant des mois, voire des années. Ils peuvent avoir un impact à la fois sur la faune, dans le cas où la capture d’espèces de poissons et crustacés se poursuit, mais également sur les habitats (coralligènes, roches, sable, herbiers de Posidonie) en dégradant le substrat et les espèces fixées (gorgones, coraux, rhodolite, etc.).

              Certaines espèces vulnérables comme les tortues, oiseaux et cétacés peuvent être également touchés. Cela peut entraîner un réel problème de conservation.

              Ces filets résistent et perdurent jusqu’à 400 ans : des nanoparticules de plastiques se désintègrent du filet puis se disloquent, se propagent et pénètrent alors dans la colonne d’eau.
Ils peuvent également occasionner des pertes économiques pour les pêcheurs professionnels.

Les dispositifs de repérage en œuvre au sein du Parc

              Depuis 2018, l’OFB est engagé dans un programme de sciences participatives créé par l’Institut Méditerranéen d’Océanologie, GhostMed, visant à localiser et cartographier en Méditerranée des engins de pêche perdus via un réseau d’usagers de la mer (observateurs, pêcheurs professionnels, scientifiques et gestionnaires).
Il permet également d’évaluer leurs impacts sur la biodiversité marine et la nécessité de procéder à leur retrait, via le calcul d’un indice de retrait en fonction de leur degré de concrétionnement. Une fois les filets retirés du milieu marin, ils seront recyclés.

              Des plongeurs sous-marins et pêcheurs professionnels du territoire collaborent avec les équipes du Parc marin afin de signaler les filets perdus sur le pourtour du Parc. Toutefois, peu de signalements sont réalisés par les usagers de la mer via ce programme de sciences participatives (GhostMed) et ces derniers datent, de surcroît, des années 2010.

              Afin de compléter ce dispositif, le programme RECUPMED, porté par la Délégation de façade maritime de Méditerranée de l’OFB pour la récupération, prospection et valorisation des filets perdus, a été mis en œuvre en Corse en 2020. Testé au sein du Parc dans les hauts fonds de Centuri jusqu’à 50 m de profondeur, la prospection n’a permis d’aboutir à aucune géolocalisation de filets fantômes.

 

Vers des dispositifs de repérage plus performants

              En effet, sur le territoire du Parc, la problématique est telle que les filets perdus sont situés à des profondeurs supérieures à 50 m, ce qui nécessite une collaboration externe pour procéder à leur retrait. La plupart des filets perdus sont situés entre 80 et 150 m de profondeurs et destinés à la pêche de la langouste, très développée au sein de certains secteurs du Parc.
Il est donc nécessaire de déployer des moyens plus importants pour les géolocaliser et les retirer.

              C’est dans cette perspective que le Parc, s’associe à la mission GHOST GEARS de WWF France qui a pour objectif de tester une nouvelle technologie d’éco localisation grâce à un sonar latéral (Side Scan Sonar). Il permet de créer une imagerie acoustique sous-marine haute définition en cartographiant les fonds des océans et notamment à des profondeurs supérieures à 50 m et allant jusqu’à 120 m environ.

              Lors de cette prospection expérimentale au large de Centuri (Nord-Ouest du Cap Corse), une dizaine de transects ont été effectués dont plusieurs étaient suspects où les filets fantômes ont été avérés.
En cas de succès, cette opération pourra être généralisée au sein du Parc et d’autres aires marines protégées de Méditerranée et pourra se poursuivre par une mission de retrait.

Voilier Blue Panda du WWF France

© Aurélie Essartier / OFB

© Aurélie Essartier / OFB

Géolocalisation des « filets fantômes »

© Aurélie Essartier / OFB

© Aurélie Essartier / OFB

L’Analyse Risque Pêche (ARP), un cadre réglementaire

              Cette mission s’inscrit, par ailleurs, dans la mise en œuvre de la politique de la conservation de la nature de l’Union Européenne, appliquée au niveau local via la réalisation d’une Analyse Risque Pêche (ARP) permettant d’évaluer le risque de porter atteinte aux objectifs de conservation des sites Natura 2000 en mer.

               Ce dispositif a pour objectif d’évaluer les interactions entre pêche professionnelle et habitats marins d’intérêt communautaire et de définir les mesures de gestion qui en découlent. La réduction de l’impact des engins de pêche perdus en mer, via leur signalement et retrait, constituent l’une des mesures de gestion validée par le Conseil de Gestion du Parc en 2020.

A noter, depuis le printemps 2022, le Parc a pu retirer 25 tonnes de déchets de tout type.

Exemple de déchet récupéré par le Parc

© Aurélie Essartier / OFB

© Aurélie Essartier / OFB