La Corse, zone refuge de l’Ange de mer en Méditerranée
Un contrat de Recherche et Développement à l’initiative du Parc
Le plan de gestion du Parc prévoit de restaurer les potentialités d’accueil et donc de préserver les habitats des élasmobranches (requins, raies) famille dont l’Ange de mer fait partie.
C’est dans ce cadre, qu’un contrat de recherche et développement mobilisant divers acteurs et experts méditerranéens a été proposé et financé par le Parc (OFB).
Un projet partenarial pour la sauvegarde de l'Ange de mer
Le projet multi-partenarial regroupe : l’Université de Montpellier au travers de son laboratoire de recherche MARBEC, l’association Bastia Offshore Fishing dont les observations et la capitalisation d’informations sur le sujet par M.RIUTORT ont été décisives dans le lancement du projet ainsi que la Société ANDROMEDE-Océanologie dont les compétences au plan technologique et en matière de sensibilisation se sont avérées incontournables.
Le projet s’est fixé pour objectifs de :
- Connaître les caractéristiques biologiques de l’Ange de mer (analyse de son comportement via des balises)
- Comprendre l’habitat de l’Ange de mer et identifier les impacts et agressions anthropiques qu’il peut subir
- Favoriser la communication et la sensibilisation sur l’Ange de mer auprès des pêcheurs professionnels et des scolaires (livret pédagogique et film destinés aux écoles primaires et collèges)
Pour se faire, trois Anges de mer ont été équipés de balises afin de suivre leurs déplacements durant 10 mois. Elles enregistrent la profondeur, la température et la luminosité. Après 10 mois, elles se détacheront automatiquement et resteront en surface pour transmettre leurs données et leur localisation. L’analyse de données récoltées permettra alors de mieux connaître les comportements et déplacements des Anges de mer en Corse.
L’Ange de mer commun (Squatina squatina) et son habitat
L’Ange de mer commun, Squatina squatina, est une espèce de poissons cartilagineux sélachimorphes. Sa taille moyenne est de 150 cm avec une taille maximale des mâles de 183 cm et 244 cm pour les femelles.
Ovipare, entre 7 et 25 juvéniles par portée, l’Ange de mer est plus actif la nuit et chasse des proies telles que poissons, mollusques, crustacés, raies.
Il s’agit d’une espèce benthique retrouvée sur les fonds sablo-vaseux dans les eaux côtières peu profondes (jusqu’à 150 m) mais son habitat préféré est inconnu en Méditerranée.
D’autant que l’évitement des prédateurs et la disponibilité des proies peuvent également avoir une incidence sur l’habitat.
L’Ange de mer commun victime d’une surpêche intensive
Autrefois une composante importante de la pêche en Méditerranée, à tel point qu’une pêcherie spécialement dédiée à cette espèce y était installée, la pêche organisée de l’Ange de mer a bel et bien disparue du fait de l’épuisement des stocks halieutiques.
L'origine du nom « Baie des Anges », entre Nice et Antibes, est par exemple dérivée de l'ancienne abondance des Anges de mer dans cette zone alors qu’il n’y existe plus de données de présence récentes à en croire la littérature scientifique.
Le requin-ange ou Ange de mer commun (Squatina squatina) est classée dans la catégorie "En danger critique d'extinction" dans la liste rouge de l’IUCN et fait partie des 100 espèces les plus menacées au monde.
Squatina squatina est la seule espèce de requin-ange qui persiste en France. C’est uniquement en Corse que cette espèce est encore observée et plus particulièrement le long de la côte orientale et sur les côtes du Parc marin.
Sa présence serait la conséquence d’une bonne intégrité des fonds, la présence et abondance de proies et une faible pression de pêche. En effet, ces espèces côtières à gros corps sont très sensibles à la pêche de fond et s'emmêlent facilement dans les filets à grandes mailles.
Des mesures de conservation
La Méditerranée est une région prioritaire pour les actions de conservation envers les chondrichtyens. La famille des Squatinidae (requins ange), seule famille de l’ordre des Squatiniformes, est l’une des familles de chondrichtyens (requins, raies et chimères) les plus menacées au monde et de nombreuses espèces de cette famille nécessitent des mesures de conservation urgentes.
Le requin-ange est devenue une espèce réglementée au niveau international (INPN, 2019) et protégée par diverses conventions internationales (Bonn, Berne, OSPAR, Barcelone).
Un plan d'action régional (PAR) a d’ailleurs été mis en place afin que les requins anges de la Méditerranée retrouvent « des populations robustes et remplissent leurs rôles écologiques dans des écosystèmes sains ». Le requin-ange est un prédateur. En tant qu’espèce parapluie, il pourrait être considéré comme un bioindicateur de la bonne santé des écosystèmes côtiers.